Les malades de l’amiante
Nous avons été choqués d’apprendre la décision de la Cour d’Appel de Douai du 27 Octobre 2011. Celle-ci a ordonné d’aller rechercher, par voie d’huissiers, chez des malades de l’amiante, une somme –environ 5 à 20 000€- attribuée auparavant pour indemnisation de leur maladie, par le F.I.V.A. (Fond d’Indemnisation des Victimes de l’Amiante).
De quoi s’agit-il ? Une maladie contractée sur les lieux du travail est dite professionnelle. Lorsqu’elle est constatée chez un travailleur exposé, ici à l’inhalation d’amiante, la Sécurité Sociale verse une indemnisation proportionnelle à la gravité de la maladie et au salaire sans détailler la nature des préjudices.
La maladie ne se répercutant pas seulement sur la capacité à travailler, mais aussi sur la vie de tous les jours, la victime peut aussi s’adresser au F.I.V.A pour indemnisation complémentaire de préjudices, d’incapacité, physique, moral, esthétique. Avant 2000, elle devait s’adresser au Tribunal des Affaires de la Sécurité Sociale, mais devant le nombre de requêtes, le F.I.V.A. a été créé pour simplifier les procédures.
La loi du 21 décembre 2006 a imposé aux payeurs (Sécurité Sociale, Fonds d’indemnisation, assurances) de détailler les préjudices indemnisés. Ce que n’a pas fait la Sécurité Sociale. Dès lors plusieurs possibilités de calcul devenaient possibles sur lesquels la Cour de Cassation saisie par le FIVA a pris successivement des
positions complètement différentes, d’abord favorables aux victimes puis défavorables. Elle a renvoyé les jugements vers des Cour d’Appel dont les magistrats avaient changé entre temps. Sentant la Cour D’Appel de Douai plus favorable à ses préoccupations, le FIVA en a profité pour faire passer plusieurs décisions y compris certaines sur lesquelles la Cour de Cassation n’avait pas tranché.
La cour de Douai a décidé en outre, ce qui est exceptionnel, de revenir sur l’attribution de sommes déjà versées ce qui s’applique, pour commencer à plus de 300 personnes dans le Nord Pas-de-Calais. Celles –ci devront rembourser des sommes que souvent elles n’ont plus !
L’affaire de l’amiante est énorme, tant par le nombre des victimes, plusieurs centaines de milliers, que par la gravité de certaines des maladies provoquées : cancers, insuffisance respiratoires. Ces dernières pathologies concernent plusieurs milliers de personnes en France. Les coûts engendrés sont à la hauteur du drame.
Ceci est la conséquence directe de l’absence de politique de Santé Publique en France et de réelle prévention en milieu du travail où le dialogue et l’information sont insuffisants.
Au lieu de prévoir, la seule chose que l’on ait trouvée, c’est de donner de l’argent contre une santé abimée ou perdue.
Une vraie politique de prévention évitant les souffrances humaines, améliorant le dialogue et le respect des travailleurs dans l’entreprise permettrait de réduire à l’avenir, maladies et coûts faramineux de réparation. De nombreux produits dangereux, cancérigènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction humaine
doivent être interdits ou bien plus sévèrement contrôlés.
Le principe de précaution doit être appliqué dès lors qu’il persiste une incertitude sur la toxicité comme par exemple avec les fibres céramiques et les nano fibres
Nous soutenons les victimes de l’amiante et demandons l’arrêt immédiat des remboursements d’indemnités accordées auparavant.