L’accord PS-EELV menace-t-il l’avenir de la centrale nucléaire de Gravelines ?

La centrale de Gravelines est la plus importante en Europe en terme de production nucléaire.© La Voix du Nord


L’accord trouvé mardi entre le PS et EELV (Europe Écologie – Les Verts), qui prévoit une coalition des deux formations à l’Assemblée nationale et une réduction du nucléaire, inquiète des salariés de la centrale de Gravelines : « Si la gauche gagne les élections, cela signifie-t-il, à terme, que l’on va perdre notre emploi ? ». Localement, Bertrand Ringot, maire PS de Gravelines et président de la CLI (1), et Paulo-Serge Lopes, porte-parole d’EELV Littoral Maritime, relativisent.

PAR OLIVIER DUFOURG

dunkerque@lavoixdunord.fr PHOTO « ARCHIVES » J.-C. BAYON

Fermer 24 réacteurs sur un parc de 58 : voilà l’un des points actés, mardi soir, par le PS et EELV, en bisbille depuis cet accord sur l’abandon de la filière MOX (un combustible tiré du recyclage des déchets). Gravelines, premier site européen de production nucléaire avec six réacteurs et 1 600 salariés, sera-t-il concerné ? Seule certitude pour le moment : le document acté par le PS et EELV ne cite nommément que Fessenheim, dont l’arrêt serait immédiatement programmé.

« Gravelines en tête de liste »

Seulement voilà. Fessenheim ne possèdant que deux réacteurs, qui seront les vingt-deux autres ? « Cela se fera en fonction de plusieurs critères, répond Paulo-Serge Lopes. Parmi eux, les zones les plus vulnérables, c’est-à-dire soumises à des risques sismiques et d’inondation. En dehors de Fessenheim, des négociations se feront concernant les 22 autres réacteurs, mais il va de soi que Gravelines, du fait des risques d’inondation par l’intérieur auquel le site est exposé, figurera pour nous en tête de liste avec Le Blaye, en Gironde. » D’où l’inquiétude des salariés de Gravelines, d’autant plus justifiée d’ailleurs qu’hier matin, l’IRSN (institut de radioprotection et de sûreté nucléaire) a rendu un rapport dans lequel elle épingle trois sites : Tricastin, Saint-Alban… et Gravelines, « qui présentent des risques accrus de par la proximité de sites industriels à risques ».

Pour Paulo-Serge Lopes, pourtant, pas question de créer une friche industrielle à la place de la centrale de Gravelines : « Nous ne réduirons pas la dépendance nucléaire du jour au lendemain, cela se fera progressivement. » Les emplois ? Sur ce point, l’élu se dit persuadé que davantage seront créés sur le créneau des énergies renouvelables que sur celui du nucléaire. « Par ailleurs, ajoute-t-il, des filières liées au démantèlement du site seront développées, et à ce propos, l’expertise des salariés sera forcément très utile. » Reste le coût, onéreux selon certains, lié à l’utilisation des énergies renouvelables. Sur ce point, l’élu vert évoque une bataille de chiffres : « Sortir du nucléaire, ça va coûter nettement moins cher que d’investir dans un EPR, comme à Flamenville, où le devis a été multiplié par deux (de 3 à 6 milliards, ndlr) . Bref, les chiffres annoncés n’ont jamais été tenus. » Quid de Bertrand Ringot, qui avait soutenu l’implantation d’un EPR à Gravelines ? Favorable à une diversification de la consommation d’énergie, l’élu PS se prononce en même temps pour le maintien de la capacité de production existante. Pas question, donc, de fermer Gravelines ? « La centrale n’est pas éternelle, relativise-t-il. Le site a 30 ans, et après la visite décennale qui est en cours, il repartira pour une durée de dix ans.

» En clair ? Quand on sait que la durée de fonctionnement d’un site nucléaire oscille entre 45 et 60 ans, et qu’il faut jusqu’à 25 ans pour le démanteler, celui de Gravelines serait de toute façon en fin de vie au moment de l’arrêt de ses réacteurs, conformément à l’accord PS-EELV.

Comme Paulo-Serge Lopes, Bertrand Ringot rappelle de toute façon que le sujet fera l’objet d’un débat entre parlementaires si la gauche plurielle remporte les législatives. « La centrale nucléaire, ce n’est pas seulement EDF, ce sont aussi ses voisins comme Péchiney, Comilog ou Arcelor, à qui elle fournit de l’électricité. Nous sommes quand même sur une plateforme industrielle et il ne faut pas l’oublier ! », rappelle l’élu PS, tout en reconnaissant des divergences sur le sujet au sein même de son parti. « Les parlementaires règleront cela, répète-t-il. En ce qui me concerne, je défendrai la centrale de Gravelines à la place où je me trouverai à ce moment-là. » Dans l’hémicycle avec l’écharpe de député ?

(1) Commission locale d’information de la centrale nucléaire.

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